Skip to main content
European Commission logo print header

Slave Trade Slavery Abolitions and their Legacies in European Histories and Identities

Final Report Summary - EURESCL (Slave Trade Slavery Abolitions and their Legacies in European Histories and Identities)

Executive Summary:
En postulant que la définition de l’Europe est un processus qui a été établi par la relation que les pouvoirs du continent européen ont entretenu avec le monde extérieur –notamment par la relation coloniale- et que ce processus de détermination par la confrontation avec un Autre non-européen se poursuit jusque dans le contemporain, le projet EURESCL a conduit trois objectifs principaux :
-d’un côté, replacer la traite et les esclavages dans la Méditerranée et l’Atlantique dans le processus de construction de l’identité européenne (tant sous l’aspect politique, économique, social, culturel, intellectuel, mémoriel et pédagogique);
-de l’autre, étudier l’actualisation des rapports sociaux construits à partir des expériences et des représentations issues de la traite et de l’esclavage atlantique racialisés ;enfin, de participer à la dissémination des résultats sur ces sujets sensibles vers un public non-académique.
Ce projet a été mené par une équipe multidisciplinaire composée d’historiens, d’anthropologues, de sociologues, de géographes, de juristes, de pédagogues et d’enseignants.
44 chercheurs situés sur 3 continents ont travaillé ensemble (Europe : Danemark, France, Grande-Bretagne, Portugal, Espagne ; Afrique : Sénégal ; Amériques : Canada, Haïti, Mexique).
Les recherches ont été organisées au sein de 7 Workpackages : « Frontières, nationalisme et sentiments d’appartenance », « Lois, normes, pratiques et connexions sociales », « Traite atlantique, réseaux commerciaux et travail forcé », « Construction de l’altérité : circulation et identité en Europe », « Esclaves et esclavage dans les sociétés européennes à la période médiévale et moderne », « Recherche et enseignement en interaction », « Dissémination ».
L’inscription du projet dans le long terme a permis de dégager les changements historiques majeurs advenus dans les échanges de biens et de personnes. L’espace méditerranéen perd sa suprématie face à l’Atlantique. La provenance des esclaves est radicalement modifiée. A la multitude d’origines, notamment d’Europe centrale et du Nord au Moyen-Age, sur le sol européen est substituée une quasi unicité africaine dans les Amériques à la période moderne. L’esclave d’origine slave devient esclave d’origine africaine. Il a cependant été montré par l’analyse de voyages de traite vers l’Europe, entre 1425-1785, qu’un certain nombre de captifs arrivent aussi sur le continent européen. Dans l’organisation de l’espace atlantique de traite des Africains, le rôle central du Portugal a été mis en exergue ainsi que l’importance de l’axe commercial entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Centrale et le Brésil.Ces mises en perspective ont permis de voir les mutations et les continuités de l’exploitation économique de la main d’œuvre servile en « situation coloniale » (de la première à la deuxième colonisation ). A travers l’analyse du travail forcé et de l’imposition de taxes sur la population africaine dans les colonies portugaises et au-delà, l’importance cruciale du Portugal comme acteur essentiel dans l’élaboration de la relation historique de l’Europe avec l’Afrique a été démontrée, à la fois par son importance pour les états coloniaux européens et les modèles culturels des sociétés africaines.
Il a aussi été montré la place tenue par l’esclavage et l’anti-esclavagisme dans les discours de construction de la Nation dans les pays européens et leurs colonies, ainsi que la façon dont l’anti-esclavagisme a été le marqueur d’appartenance à la Civilisation telle que définie par l’Europe. L’analyse de la construction moderne de la « race », qui a induit progressivement des phénomènes d’identification entre positionnement racial et fonction économique, a précisément été renforcée par les résultats établis à partir du travail forcé en Afrique. C’est à partir de cette expérience, qui succède à celle de l’esclavage, que les représentations des Africains associées aux pratiques de travail coercitive et le sous-développement ont été consolidées. Les catégories d’identification et d’hétéro-désignation ont été particulièrement explorées au sein d’un espace transnational et global par des phénomènes de circulation. A côté de la diaspora noire originelle, issue de la traite et de l’esclavage de la modernité européenne, l’accent a été mis sur l’existence et le fonctionnement des diasporas multiples, plus limitées, nées des rivalités coloniales et du capitalisme américain du XIXe siècle, pour lesquelles l’esclavage devient une référence parmi d’autres, et le fait diasporique et le qualificatif noir deviennent multiples, contextuels, réinterprétés selon des conditions locales, parfois micro-locales. Une avancée conceptuelle a été faite et il a été établi qu’il était moins pertinent de parler des “héritages des esclavages ” que de “sociétés post-esclavagistes”. Il a été montré aussi combien ces différents éléments sont importants dans le questionnement sur la Nation, sur l’Etat, sur la citoyenneté, et l’établissement des règles de droit selon les sociétés et les époques. De ce fait, une attention particulière a été donnée à une recension systématique et la plus exhaustive possible des textes législatifs et leurs applications locales dans les colonies européennes.
La dissemination des résultats à la fois en direction des enseignants de l’école et du grand public a été assurée par l’élaboration d’un site pédagogique « comprendre et enseigner traites, esclavages et abolitions”, par des universities d’été et l’organisation d’un festival de la vidéo scientifique sur les traites, les esclavages et leurs héritages en Europe, Afrique et dans les Amériques.
Project Context and Objectives:
Récemment la cohésion sociale des sociétés européennes a été interrogée par la question de l’héritage de la mémoire de l’esclavage colonial. Même si ces questions se sont imposées à des niveaux différents d’urgence et de demande sociales, selon un spectre allant du quasi-silence à des législations mémorielles, des débats ont secoué toutes les sociétés européennes dont le développement s’est appuyé, à un moment donné de leur histoire ou à un autre, sur la traite, l’esclavage et la colonisation. A la faveur souvent de commémorations – celle en France, en 1998 du 150è anniversaire de l’abolition de l’esclavage, ou en Grande-Bretagne, en 2007, du bicentenaire de l’abolition de la traite qui a donné lieu à une déclaration de la Présidence de l’Union Européenne le 26 mars 2007-, la question des héritages, de la gestion des représentations et des pratiques sociales héritées de l’esclavage dans les rapports sociaux, a été soulevée dans les pays européens. Au cœur des métropoles, des personnes se déclarant « descendants d’esclaves » sous des dénominations diverses selon les pays –« noirs », « afro-descendants », etc- interrogent le lien national sous forme de revendications de « réparations », « d’intégration » ou de « multiculturalisme ». Le débat s’est globalisé sous l’impulsion des nouvelles technologies comme Internet en imposant une relation entre l’héritage de l’esclavage et la gestion de ce que l’on peut appeler « Black issue ». Dans ce débat mondialisé, mêlant histoire et actualité, les questions de diversité culturelle, d’inclusion sociale, de citoyenneté, d’identité, de lutte contre les formes contemporaines d’esclavage ont été posées ou reformulées au sein de chaque entité nationale européenne. Les réponses qui y ont été apportées sont restées diverses. Il n’y a pas eu de tentative d’une réflexion générale ancrée sur une analyse historique européenne globale sur ces questions. Historiquement, pourtant, la traite et l’esclavage coloniaux ont contribué à former et à consolider la définition de l’Europe sous un angle économique, culturel et intellectuel (dans la discussion de la domination humaine puis dans la construction de la notion de Liberté) et sous l’angle politique.

Ce projet avait pour objet de replacer la traite et l’esclavage dans l’histoire de la construction de l’entité européenne interprétée avec des nuances diverses aux échelles nationales ou locales, dans une dimension historique et contemporaine, et à interroger la continuité, ou non, entre la période esclavagiste et celle du post-esclavage. Ce positionnement répondait alors à une situation historiographique. En effet, jusqu’à la réalisation du projet EURESCL, les rares tentatives de synthèse sur traite et esclavage ont imparfaitement réussi à historiciser les points communs et divergents entre les différentes nations européennes, encore moins à réfléchir sur les conditions créées par la traite et l’esclavage au sein de la construction de l’Europe et dans la relation de l’Europe avec les sociétés colonisées. Bien que la relation, les interactions entre métropole et colonies aient été analysées par l’historiographie, celle-ci respectait généralement les zones d’influence de chacun des états européens, souvent par zone linguistique. Le paradoxe méritait d’être souligné car l’histoire de la traite, et celle de l’esclavage ont été marquées par le déplacement et la circulation des individus –libres et esclaves-, par des allers-retours entre métropoles et colonies, entre colonies, elles-mêmes, par la circulation des idées de domination et de liberté, par celle des techniques et des capitaux selon des trajectoires multiples qui ignoraient les frontières. Cela est d’autant plus exact que les frontières des états européens continentaux ne se sont consolidées que tardivement au XIXe siècle. Antérieurement, la période moderne a été marquée par l’expansionnisme européen planétaire, notamment, la colonisation de nouveaux territoires vers les Amériques, ce qui a engendré de nouvelles conceptions de l’espace, de nouvelles productions législative et juridique, de nouvelles catégories d’appréhension des populations qui ont produit la fixation d’identités et l’ouverture d’un champ intellectuel où était discuté l’altérité.

L’originalité du projet EURESCL a donc été :
-de penser la traite, l’esclavage et leurs abolitions dans leur globalité c’est-à-dire d’envisager une définition de l’Europe large comprenant à la fois le continent et les espaces coloniaux et anciennement coloniaux;
-de s’inscrire dans la longue durée (XIIe-XXIe siècles) ;
-de mettre les histoires nationales de l’Europe en relation entre elles et avec leurs colonies ou leurs zones d’influence extra-européennes ;
-de mesurer le poids, l’impact de la traite et de l’esclavage dans l’Europe au niveau politique, économique, social, culturel, intellectuel et mémoriel;
-de voir comment à partir de cela ont été créés des éléments de similitude et de divergences ;
-de mettre en perspective l’histoire de la traite et de l’esclavage transatlantiques avec des formes antérieures d’esclavage qui ont existé sur le sol européen et à ces marges ;
-d’analyser les généalogies multiples de la question « noire », des « afro-descendants », de la « diaspora noire » en Europe pour aborder la définition contemporaine de l’identité européenne.

Cinq postulats ont soutendu la méthodologie du projet EURESCL .
- Il a considéré l’espace européen en tant que continuum entre l’Europe continentale, ses colonies et ex-colonies pour mettre en synergie les dynamiques, régionales, nationales et post-coloniales.
- Le projet EURESCL a placé au centre de chaque volet de recherche (Workpackages) la notion de « circulation », de mise en relation des espaces géographiques et politiques, de circuits économiques, d’échanges et d’allers-retours des personnes et des idées.
- Il a travaillé sur la longue durée pour souligner les moments de rupture, de conflits, les points communs et ceux de diversité.
- Il a mis en perspective les différents types d’esclavage afin de les articuler entre eux et de mieux souligner les caractéristiques de la traite et de l’esclavage atlantiques, notamment sous l’angle de la construction raciale (notamment l’équivalence entre « Noir » et « Esclave »)
- Il a adopté une approche multidisciplinaire et comparatiste pour saisir le plus grand nombre de variables à l’œuvre.
- Il a été choisi de ne pas faire du genre un axe indépendant car cet élément crucial dans les phénomènes de traite et d’esclavage a été étudié dans chaque volet de la recherche.

Les recherches ont été organisées selon 7 Workpackages, dont chacun avait un ou plusieurs objectif(s) particulier(s) :
WP1 - « Frontières, nationalisme et sentiments d’appartenance »
- examiner jusqu`à quel point la rhétorique et les débats sur l’esclavage et l’abolition formulent et reformulent les discours politiques nationaux et les frontières à travers l’Europe, en créant une compréhension (ou bien une manque de compréhension) populaire de l’esclavage et de l’abolition, en tant qu’ils se manifestent dans la législation constitutionnelle de l’Europe et de ses anciennes colonies, surtout en Afrique occidentale.
- analyser le développement des représentations et du racisme entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, surtout à travers le discours abolitionniste.
- observer la construction historique des frontières de l’appartenance, la citoyenneté et l’identité en Europe continentale et ses colonies, et déterminer le rôle de la législation en renforçant ces constructions dans les deux contextes.

WP2 - « Lois, normes, pratiques et connexions sociales »
- analyser l'omission de la relation entre la traite négrière transatlantique et l'histoire de l'Europe occidentale.
- étudier les échanges commerciaux entre l'Europe (principalement Portugal, Angleterre et France) et l'Afrique, dans une perspective à long terme (XVe – XXe siècle), de façon comparative ;
- démontrer que l'esclavage africain, la traite négrière transatlantique et les systèmes coloniaux de travail forcé sont des éléments importants dans la formation de l'Europe moderne, y compris dans la construction des identités nationales.

WP3 - « Traite atlantique, réseaux commerciaux et travail forcé »
- analyser la constitution du cadre juridique formel et officiel des législations des métropoles européennes et de leurs colonies relatives à l’esclavage ;
- apprécier l’(in)effectivité de son application dans ces espaces, du XVe au XIXe siècle.

WP4 - « Construction de l’altérité : circulation et identité en Europe »
- analyser les dimensions contemporaines sociales et culturelles de la construction de la perception de l'autre, en relation avec l'héritage de l'esclavage et les représentations collectives attachées aux relations passées et présentes avec l'Afrique.
La recherche multidisciplinaire comparative met l'accent sur l'expérience sociale des populations d'afro-descendants dans les sociétés européennes ex-métropolitaines et dans les sociétés coloniales des Caraïbes et d'Amérique Latine, ainsi que sur la construction de l'identité et des relations inter-ethniques.

WP5 - « Esclaves et esclavage dans les sociétés européennes à la période médiévale et moderne »
- intégrer, dans une approche historique raisonnée, l'histoire de l'esclavage dans l'histoire de la construction des nations de l'Europe continentale, en inscrivant la place de la traite dans ses diverses approches et en dépassant les frontières religieuses (XIe – XVIe siècles).

WP6 - « Recherche et enseignement en interaction »
-proposer une synthèse des aspects majeurs de la traite et de l'esclavage, avec des stratégies d'enseignement créatives et concrètes, des guides et des outils à destination des spécialistes de l'enseignement et des élèves.

WP7 - « Dissémination »
- former les étudiants et enseignants à l’histoire de la traite, de l’esclavage atlantique, des abolitions et des productions culturelles qui en sont issues.
- encourager et créer des supports pour la circulation des informations et transmettre des connaissances vers le "grand public" (associations, décideurs, citoyens européens) dans le but de donner les outils de compréhension pour créer un dialogue autour de la construction européenne et des valeurs qui y sont attachées.

Chacun des Workpackages a été conduit parallèlement sur la durée du projet. Cependant, il doit être précisé que cette organisation qui facilitait les recherches, n’isolait pas les chercheurs dans un seul Workpackage. Au contraire, ils participaient, pour la plupart d’entre eux, à plusieurs Workpackages d’autant qu’il existe des liens conceptuels entre chacun d’eux : par exemple, entre le WP1 et le WP 4 sur les questions culturelles ; entre le WP 3, le WP 5 et le WP 6 sur la mise en perspective des esclavages ; entre le WP 1 et le WP 2 sur les textes législatifs. L’ensemble des chercheurs a été invité à participer à chacun des workshops et des conférences organisées par le projet. Tous les Workpackages convergaient vers le WP 7, chargé de la dissémination des résultats et de l’organisation de trois universités d’été car il était important pour tous les chercheurs du projet d’assurer des passerelles avec le monde non-académique.
Project Results:
Le projet EURESCL a permis de replacer la traite et les esclavages dans la Méditerranée et l’Atlantique dans le processus de construction de l’identité européenne (tant sous l’aspect politique, économique, social, culturel, intellectuel, mémoriel et pédagogique), et d’étudier l’actualisation des rapports sociaux construits à partir des expériences et des représentations issues de la traite et de l’esclavage atlantique racialisés.
L’inscription du projet dans le long terme a permis :
• de dégager les changements historiques majeurs advenus dans les échanges, puisque l’espace méditerranéen perd sa suprématie face à l’Atlantique et la provenance géographique des esclaves est radicalement modifiée : passage d’une multiplicité d’origines, notamment d’Europe centrale et du Nord au Moyen-Age, sur le sol européen à une quasi unicité africaine dans les Amériques à la période moderne.
• de voir les mutations et les continuités de l’exploitation économique de la main d’œuvre servile en situation coloniale (de la «première » à la « deuxième colonisation ») ;
• de suivre la construction moderne de la « race » qui établit progressivement des phénomènes d’identification entre positionnement racial et fonction économique ;
• de voir quelles catégories d’identification et d’hétéro-désignation sont construites dans les populations « noires », sous un angle transnational et global par des phénomènes de circulation.
• de montrer comment ces questions sont importantes dans le questionnement sur la Nation, sur l’Etat, sur la citoyenneté, selon les sociétés, que ce soit dans la période moderne ou contemporaine (sous la forme de la définition de l’identité nationale ou de la reproduction des pouvoirs, entre autres).

La superposition des questions de l’esclavage et de la colonisation que l’on a connu avant le début du projet EURESCL posait in fine celle des rapports de force entre des les discours scientifiques localisés en France, en Europe et « ailleurs », un « ailleurs » non-occidental. Alors qu’il était reproché que les discours scientifiques soient trop fortement situés, influencés par des analyses biaisées, le projet EURESCL a cherché à faire communiquer différentes historiographies et sensibilités. L’esclavage atlantique et la traite par essence transnationales, marquées par la circulation –forcée ou non- de populations, de législations, de technologies, d’idées et de représentations entre les continents (tous les continents sont concernés bien que jusqu’alors, le sous-continent indien et l’Asie aient été peu explorées dans les travaux), ne devaient pas être uniquement étudiés dans un cadre national. Le projet EURESCL a permis un travail avec des équipes universitaires du Mexique et d’Haïti, du Sénégal, du Canada auxquelles s’an ajoutaient d’autres de Grande-Bretagne, du Portugal, d’Espagne, du Danemark, et de France. L’espace intellectuel de production de connaissances s’est étendu tout comme les territoires d’analyse de l’esclavage et les bornes chronologiques se sont élargies. Face à l’esclavage transatlantique qui a fourni toute la terminologie et les matrices descriptives de la soumission totale, ont été étudiés les systèmes d’esclavage en Afrique de l’Ouest, dans la Méditerranée, au Mexique et en Amérique centrale. Un décentrement des positionnements a donné la possibilité de faire des connections entre les systèmes. C’est un des résultats épistémologiques les plus importants qui a été obtenu.


Termes et notions : « les esclavages », « les situations d’esclavage », « le post-esclavage »

Pendant longtemps les questions de traite et d’esclavage ont été superposées, alors qu’elles sont différentes. La traite a constitué un moyen d’approvisionner en main d’œuvre les systèmes esclavagistes mais la plupart des sociétés esclavagistes de l’Atlantique ont perduré au-delà de l’abolition de la traite, pour des raisons différentes. La Grande-Bretagne abolit la traite des captifs africains en 1807 et l’esclavage en 1833 ; la France est contrainte à l’abolition de la traite par le Congrès de Vienne en 1815, mais ne la rend effective que quatorze ans plus tard tandis que l’esclavage est aboli dans les colonies françaises, pour la seconde fois, le 27 avril 1848 ; le Brésil devenu indépendant du Portugal maintient, malgré les pressions internationales sur la traite, l’esclavage jusqu’en 1888.
Une première précision sémantique s’est imposée lors de nos échanges. Les captifs tirés d’Afrique –12 millions et demi, auxquels s’ajoutent environ 7 millions de personnes mortes sur les routes de traite intra-africaines, avant leur arrivée dans les ports d’Afrique- ne sont devenus statutairement « esclaves » que lorsqu’ils ont été mis au travail sur les plantations de sucre, café, cacao ou coton des Amériques. La précision doit être faite pour plusieurs raisons.
D'une part, pour montrer que la mise en esclavage est un processus historique organisé entre les pouvoirs africains et européens, entre le XVe et le XIXe siècle, et non la simple transposition d'un statut d'esclave en Afrique à celui d'esclave dans les Amériques. Il n'y a donc pas d'immuabilité dans le recrutement d’esclaves originaires de l'Afrique. Avant l’an mil, une personne non-libre, sous la puissance absolue d’un maître est désignée par le terme de « servus » hérité de l’Antiquité, avant que d’être remplacé par celui de « sclavus » ou de « sclavi ». Il désigne spécifiquement les Slaves, obtenus par piraterie, razzia ou traite et vendus sur les marchés de l’Orient médiéval. Le mot se réfère alors à une région précise, celle de l’Esclavonie, située entre le sud du royaume de Hongrie et le nord des états de Bosnie et Serbie. Au Moyen-âge, les slaves sont considérés comme les esclaves par excellence. Ils sont vendus sur les marchés européens de Venise, Lyon, Verdun, Regensburg, Prague ou Kiev. Leur traite est organisée selon deux grands axes.
L’axe méditerranéen alimente un commerce actif entre Venise (qui en garde trace avec le quai des Esclavons) et l’Empire arabe du sud de la Méditerranée. Les slaves travaillent sur les plantations spéculatives qui se développent au XVe siècle en Provence, au Portugal, en Espagne, en Italie ou encore à Chypre aux côtés de milliers d’esclaves originaires d’Afrique et achetés sur les marchés marocains. Des termes les distinguent cependant : « sakaliba » qui vient de la translittération arabe d'« esclavons » tandis que celui d’« 'abid », ou d’« ‘abid Ama » (femme) est la dénomination réservée aux esclaves « noirs ». Ces derniers sont issus des routes transsahariennes et notamment du second axe d’approvisionnement en esclave qui est celui de l’axe d’Afrique orientale. Les caravanes vendent à Tombouctou des chevaux, du sel, des produits manufacturés contre de l’or, de l’ivoire, de l’ébène, des esclaves qui partent vers le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient.
La polysémie des termes « esclavage » ou « esclave » est importante. Sauf à considérer que le terme désigne uniment une situation de domination complète, la mise en synergie des recherches menées par les différentes équipes issues de l’Europe, d’Afrique et des Amériques a dévoilé plutôt la diversité des esclavages et des situations d’esclavage. Au XVe siècle se joue un changement historique majeur : l’espace méditerranéen perd sa suprématie face à l’Atlantique et la provenance géographique des esclaves est radicalement modifiée. A la multiplicité d’origine, notamment d’Europe centrale et du Nord au Moyen-Age (Russes, Bulgares, Circasiens, Arméniens...) sur le sol européen est substituée une quasi unicité africaine dans les Amériques à la période moderne. La spécificité de l’esclavage et de la traite atlantiques a été de racialiser le statut d’esclave, d’établir au fur et à mesure que se développait la suprématie économique du sucre produit dans les colonies des Amériques, une synonymie entre « noir-nègre » et « esclave ».
La précision sur les termes employés et l’historicisation des catégories de désignation des populations dans l'espace colonial permet aussi d'insister sur les mécanismes de création et de stabilisation des catégories raciales. L'expérience coloniale esclavagiste a, en effet, donné une nouvelle sémantique à la notion de race. D'un marqueur d'appartenance à un groupe, à un ensemble, le terme a désigné des personnes ayant la « même » apparence physique et, à l'origine, le « même » statut civil, celui d'esclave ou celui de « propriétaire d'esclave ». La catégorie « noire », « nègre » est créée en regard de celle de « blanche ». Le champ sémantique du terme de « blanc » s’élabore en corrélation avec le trafic des humains, noirs, mais se fixe dans les Amériques, postérieurement à celui de « noir » ou de « nègre ». Autant ces désignations sont habituelles dès le XIIIE siècle, autant l’utilisation de « blanc » n’est pas encore très répandue au début du XVIIe siècle. Ce n’est qu’avec le développement des plantations des Amériques que la dimension sociale, politique, phénotypique puis biologique du terme, se fixe, à partir du XVIIe, simultanément dans l’espace hispanophone, anglophone et francophone. Dès les premiers recensements des Antilles françaises, dans les années 1660, le terme de « blanc » est employé pour désigner les Européens libres mais ne fait sens que localement. De façon symptomatique, il n’est pas utilisé dans l’édit royal de 1685 plus connu sous le nom de Code Noir. Issu de l’expérience coloniale, il doit ainsi être expliqué dans les métropoles. Dans un traité de 1680, Morgan Godwyn indique au public anglais qu’à la Barbade, le terme de « blanc » est « le nom généralement utilisé pour désigner les Européens ». En 1751, Thibault de Chanvalon décrivant la colonie de la Martinique devant l’Académie des Sciences de Paris se doit de préciser que les Européens qui s’y sont établis depuis cent cinquante ans sont désignés « même ceux qui arrivent journellement, sous le nom général de Blancs ».
Dans l’espace colonial de la période moderne dans l’Atlantique, la construction d’une identité raciale « blanche » reposant sur l’homogénéité d’un groupe à partir d’un statut juridique (libre-blanc versus noir-esclave), d’un positionnement politique de dominant et d’un large pouvoir économique s’est ainsi construite, renforcée par l’obligation qui leur était faite de christianiser toutes les populations « hérétiques ». S’il est apparu qu’aux débuts de la colonisation, les frontières de ce groupe ont été plus ou moins fluctuantes (puisque des recensements enregistrent comme « français blancs » des Caraïbes), elles se sont fermées au fur et à mesure que le métissage et le droit colonial de la propriété sur les humains et les biens s’élaborait. Que ce soit dans le système des castas de l’Amérique espagnole ou encore dans le classement de Moreau de Saint-Méry sur Saint-Domingue, la pureté du sang « blanc », garanti par la réputation au sein de la société coloniale, jouait comme preuve du statut de libre et comme accès direct au statut de propriétaire. Si la couleur « noire » établissait une présomption de servilité, la couleur « blanche » fondait la possibilité de possession de biens humains. Réciproquement, toute suspicion envers un individu d’être « noir » ou métissé de noir le rendait susceptible d’être réduit en esclavage ou l’obligeait, au moins, à prouver son statut de « libre ». Les lois empêchaient aux esclaves l’accès à la propriété et la rendait difficile pour les « libres de couleur » (la jurisprudence rétablissant cependant de façon régulière pour eux une fluidité dans les possibilités d’acquisition de patrimoine). Historiquement, la « race blanche » tout comme la « race noire » se superposent aux champs d’action politique et idéologique de la colonisation européenne. Les acteurs de la première colonisation se le sont appropriés ainsi que leurs interlocuteurs directs appartenant au monde colonisé. Les populations des métropoles, elles, l’ont connu progressivement avec le développement de l’alphabétisme et de l’école laïque et obligatoire qui utilisait les récits des expéditions au sein des continents non-européens.
Combinée cependant au statut servile ou à celui de « libre », elle a fondé localement, dans chaque colonie des Amériques, une hiérarchie raciale selon un continuum où le « Blanc-libre-propriétaire d'esclave » était mis en position de supériorité par rapport au « Noir-esclave » placé au bas de l'échelle. Dans les discours, toutes les catégories intermédiaires y étaient placées en fonction de critères où le facteur racial (plus ou moins « blanc ») primait sur le facteur social (plus ou moins riche). Cette mêmeté, superposition parfaite entre couleur et statut civil et racial, était dans les faits compliquée. Par métissage des populations, héritages de propriétés, compétences économiques, talents et inventivité individuelles, fluidité de fait entre des individus de statut civil différent, violences sexuelles exercées envers les femmes esclaves, des catégories complexes ont été crées. La Saint-Domingue du XVIIIe siècle a connu des affranchis, « libre de couleur » infiniment plus riches que des « Blancs ». Au milieu du XIXe siècle, en Martinique ou en Guadeloupe, des esclaves possédaient des esclaves. Des « Blancs » dépendaient du salaire que leur esclave gagnait en exerçant de petits métiers en milieu urbain. Le caractère indispensable de l’historicisation mais aussi de la contextualisation des catégories racialisées a été prouvé dans le projet EURESCL. Une des conclusions majeures de nos travaux collectifs a donc été de fouiller les changements sémantiques en proposant de parler « des esclavages » plutôt que « d’esclavage » lorsque l’on s’intéresse aux systèmes et de « situations d’esclavage » lorsque le niveau individuel est approché. Le pluriel en anglais de “slavery” (“slaveries”) est en train de s’imposer à la suite, en partie, de nos travaux.
Il a aussi été montré la place tenue par l’esclavage et l’anti-esclavagisme dans les discours de construction de la Nation dans les pays européens et leurs colonies et à voir comment l’anti-esclavagisme a été le marqueur d’appartenance à la Civilisation telle que définie par l’Europe (WP1 : Base de données : Cultures politiques européennes de l’anti-esclavagisme. Elle donne un aperçu de la polémique au sujet de l’abolition de la traite des captifs africains et de l’esclavage en Europe. Elle examine la manière dont les politiques antiesclavagistes – comprises comme un ensemble de croyances, d’attitudes, et de valeurs sur une question politique particulière ou sur la politique en général- ont façonné les identités nationales européennes au XIXe siècle).
L’analyse de la construction moderne de la « race » qui a induit progressivement des phénomènes d’identification entre positionnement racial et fonction économique a précisément été renforcée par les résultats établis à partir du travail forcé en Afrique. C’est à partir de cette expérience qui succède à celle de l’esclavage que les représentations des Africains associées aux pratiques de travail coercitive et le sous-développement se sont consolidées. Les catégories d’identification et d’hétéro-désignation ont été particulièrement explorées au sein d’un espace transnational et global par des phénomènes de circulation. A côté de la diaspora noire originelle, issue de la traite et de l’esclavage de la modernité européenne, l’accent a été mis sur l’existence et le fonctionnement des diasporas multiples, plus limitées, nées des rivalités coloniales et du capitalisme américain du XIXe siècle, pour lesquelles l’esclavage devient une référence parmi d’autres, et le fait diasporique et le qualificatif noir deviennent multiples, contextuels, réinterprétés selon des conditions locales, parfois micro-locales. Une avancée conceptuelle a été faite et il a été établi qu’il était moins pertinent de parler des “héritages des esclavages ” que de “sociétés post-esclavagistes”. Il a été montré aussi combien ces différents éléments sont importants dans le questionnement sur la Nation, sur l’Etat, sur la citoyenneté, et l’établissement des règles de droit selon les sociétés et les époques.
Montrer les connexions globales entre les traites et les esclavages, les situations contemporaines « d’héritages »

La mise en commun des différentes historiographies issues de sociétés distinctes, l’investigation dans les fonds d’archives, ou sur les terrains, ont permis de souligner les points de connexion entre les différents systèmes esclavagistes, les points historiques de basculement, les divergences. La traite transatlantique s'est développée avec des Africains qui étaient d’abord passés par les sociétés qui bordaient la mer Méditerranée. Jusqu’au début du XVIIe siècle, la plupart des Africains déportés vers les Amériques avaient d’abord été mis en esclavage dans la péninsule ibérique car ce n’est qu’en 1520 que les bateaux négriers ont opéré directement de l'Afrique jusqu'aux Amériques. Dans la première période, les Africains ont fait partie du flux des captifs qui traverse la Méditerranée dès l’Antiquité. Ils côtoyaient d’autres groupes mis en esclavage qui venait d'Asie Mineure ou de l'Europe de l'Est et du Nord (WP5 : Répertoire des sites et des lieux du commerce d’esclaves sur la péninsule ibérique. Les sites où se sont déroulées les différentes étapes du trafic d’esclaves (embarquement, débarquement, détention, vente) entre le haut Moyen-Age et le XVIe siècle) . Au XVIe siècle, des marchés d'esclaves importants existent à Lisbonne, à Séville, à Venise, et à Kefe en Crimée sur la rive Nord de la Méditerranée ainsi qu’à Tunis, Tripoli, Benghazi, et au Caire sur sa rive sud. À cette période des proportions importantes de population de ces villes et de leur l'arrière-pays étaient des esclaves et beaucoup d'entre eux étaient originaires d'Afrique. Après le XVIIe siècle, Lisbonne et Séville sont devancées par d’autres villes européennes comme Amsterdam, Londres, Bristol, Nantes, Le Havre, la Rochelle ; celles-ci vont devenir des plaques tournantes pour le commerce transatlantique (WP2 : Premières arrivées des esclaves en Europe. 16e-18e siècles. Cette base de données comprend l’origine des esclaves, celle des équipages, la composition des navires négriers, le volume et les lieux de destination des navires, les objets qui sont négociés, les prix des esclaves en Afrique, en Europe et dans les Amériques).

A la période moderne, le système de la traite atlantique soutient le mouvement de connexion des espaces par l’économie et le droit, ces deux éléments se renforçant réciproquement. Le trafic des captifs par des marchands européens et asiatiques en Afrique de l’Est ont mis en relation l’Océan Indien, l’Asie et l’Océan atlantique dans un complexe économique étendu. Des marchands de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle ont opéré aussi bien dans l’Océan Indien que dans l’Atlantique, en s’appuyant sur les opportunités juridiques qu’offraient les Empires européens. Le WP 2 (Base de données sur les marchands d’esclaves basé à Mozambique) a montré que la région du Mozambique, par la présence de ces marchands –européens et asiatiques- impliqués dans la traite, était aussi bien tournée vers le trafic de captifs dans l’Océan Indien que dans l’Atlantique. (La base de données comprend 1708 données sur des individus, avec des informations sur leurs participation dans le commerce et la traite).

Le déplacement des marchands dans un espace globalisé était encadré par des textes normatifs sur la traite, l’esclavage et les esclavages dans les Empires. Une recension de tous les textes émanant des métropoles comme des colonies de l’Europe, et des sociétés de droit musulman a été faite, a été faite et elle ouvre de grandes perspectives comparatistes nouvelles. Les dispositifs juridiques des pays européens et des sociétés coloniales se sont influencés les uns par les autres et ont nourri parfois le droit international mais ils se distinguent aussi souvent par des logiques ou des priorités différentes dans les pratiques locales quotidiennes. Ainsi, le Code Noir français de 1685, loi fondamentale du royaume, ne s'applique ni en France métropolitaine, ni au Canada, et les usages juridiques locaux sont divers d'une colonie caribéenne à l'autre (WP3 : Lexique bilingue en ligne sur les notions juridiques) . La réalité coloniale ne peut pas ainsi être saisie au travers de ce texte et il faut utiliser en complément du code de 1685, les recueils réglementaires locaux voire bien sûr le code de 1724 pour la Louisiane. (WP3 Les droit des traites et des esclavages. Textes juridiques internationaux et locaux concernant les traites et les esclavages. Cette base de données recense les textes normatifs (lois, règlements, décrets, jurisprudences) pour des pays européens (France, Portugal, Espagne, Danemark, Grande-Bretagne) ainsi que leurs colonies (Caraïbes francophones –Saint-Domingue,Martinique, Guadeloupe, Guyane-, Iles Vierges, Afrique du Nord, Afrique de l’ouest et Afrique de l’est). A ce corpus s’ajoute les Etats-Unis, et en particulier la Louisiane, le Canada et le Brésil). Le droit et la jurisprudence offrent des pistes de recherche à poursuivre cependant. L’une d’entre elles concerne la collecte de « voix » d’esclaves impliqués dans des procès, entre le XIIIe et le XIXe siècle qui permettent d’aborder la question de l’agency et encore plus, celle de la subjectivité des esclaves.
Pour la période contemporaine, l’accent avait été particulièrement mis au début du projet EURESCL sur le rôle de l’esclavage et de son abolition dans la structuration des sociétés, et leur filiation avec les mobilisations politiques et culturelles contemporaines. L’insistance aussi sur « l’héritage de l’esclavage » ou « l’actualisation des rapports sociaux liés à l’esclavage » avait été faite. En fin de projet, l’accent se porte plutôt sur les rapports de pouvoir et les processus accélérés d’ethnicisation et de racialisation en cours dans l’ensemble des cas étudiés, sous des formes diverses.
Le projet EURESCL a permis une avancée conceptuelle qui a fait passer d’une étude des “héritages des esclavages ” à celle des “sociétés post-esclavagistes”. Ce n’est plus la diaspora fondatrice héritée du traumatisme historique qui fait sens pour de nombreux individus et collectifs afro contemporains, mais bien une réalité diasporique « moderne », multiple et diversifiée, née des échanges marchands, du marché international du travail et de l’accélération des modes de transport des biens et des idées. Ces diasporas multiples suscitent à leur tour des recompositions politiques et identitaires aux niveaux des localités, des régions ou des Nations considérées, débouchant sur la construction souvent conflictuelle de « régimes d’altérité et de métissages » propres à chaque contexte. On peut donc parler de sphères croisées de gestion politique des différences –locale/nationale et transnationale-, sans pouvoir attribuer de prééminence théorique à l’une plutôt qu’à l’autre. Tout dépendra des rapports de force dans les inégalités historiquement construites sur les plans économiques, territoriaux et sociaux. Pourtant, on ne peut ignorer la tendance partagée à la racialisation et l’ethnicisation des rapports politiques, au moins en Amérique latine. Resterait à en évaluer les rythmes de pénétration dans chaque contexte, leur efficacité politique et sociale et, partant, leur durée de vie.


Déconstruire les représentations et diffuser les résultats

Articulés à nos résultats de recherche, et en interaction avec elles, deux volets ont été développés. Le premier concerne l’enseignement et la nécessité d’offrir des outils pédagogiques aux enseignants de l’école (du primaire jusqu’au secondaire), qu’ils soient Français, Haïtiens ou Sénégalais. Bien que les programmes scolaires ne soient pas les mêmes, des fiches pédagogiques ont été élaborées au travers d’un travail collectif et mis en ligne (WP6 : Site pédagogique. L’objectif de ce site est de proposer des ressources pour comprendre et enseigner traites, esclavages, abolitions, en France, en Haïti, au Sénégal). (WP6 : Annuaire des sources sur l’esclavage et la traite pour l’éducation. Ce répertoire rassemble une sélection de sites pédagogiques pour enseignants et élèves). Avec ce souci de construire des outils de transmission et des passerelles entre le monde académique et celui de l’école, à un niveau international, trois universités d’été ont été organisées. Elles ont permis à la fois de faire des bilans sur des thématiques particulières ( Aix-en-Provence : « Noirs », « nègres », « africains », « afro-descendants », « descendants d’esclaves, « immigrés » : déconstruire les catégories de désignation et interroger les identités et les représentations d’hier à aujourd’hui ; Valladolid : « L’esclavage aux époques médiévale et moderne. Histoire et implications actuelles » ; Toronto : « Slavery, Memory and Citizenship) mais aussi de tester des moyens d’enseignement à distance avec des séminaires communs organisés avec l’Université d’Etat d’Haïti).

Le second touche aux représentations de l’esclavage et de l’esclave. Plusieurs journées d’étude y ont été consacrées avec une préoccupation diachronique, s’intéressant aussi bien au passé qu’au présent. Les représentations dépréciatives du « noir » esclave, colonisé, immigré, continuent à ouvrer dans le présent. Le projet EURESCL s’est attaché à travailler avec et sur l’image par l’organisation d’expositions de photographies et par le festival de la recherche vidéo.

Un support privilégié pour la diffusion des résultats de recherches vers le public a été l’organisation de festivals de la vidéo de recherche sur les esclavages et les traites. Ils se sont révélés être de puissants vecteur de communication des résultats de la recherche et ont été l'occasion de débats entre les chercheurs-réalisateurs des films et le grand public. L’image permet aux chercheurs d’exprimer des intuitions, de capturer des sentiments difficilement exprimables par les mots. Elle permet aussi d’aller au-devant d’un public qui n’a pas toujours accès à l’écrit scientifique. Les chercheurs ont répondu sur appel à propositions et leurs vidéos ont été sélectionnées par un jury de chercheurs. Le public a répondu massivement à ce type de manifestation. Les festivals vidéo se sont d’emblée inscrits dans une démarche internationale avec nos partenaires, qui couvre l’espace géographique des Amériques (Toronto, Québec, Rio de Janeiro) d’Afrique (Dakar, Ouagadougou, N’gaoundéré, Lumubashi, Abidjan, La Réunion) et d’Europe (Paris avec le musée du Quai Branly, Bordeaux avec le Musée d’Aquitaine, l’Université de Lyon II).
Lorsque nos travaux ont débuté, la demande des associations se réclamant de la mémoire de l’esclavage ou d’une descendance « esclave » était formulée explicitement : elles demandaient une connaissance scientifique – précise et argumentée- sur les traites et les esclavages. Si elle concernait plus particulièrement, l’espace atlantique et pouvait être traduite en demande d’égalité complète en tant que Français, le continent africain était aussi visé.
La question de la responsabilité des Africains revient régulièrement dans les conférences, souvent pour « disculper » les nations européennes en montrant que des Africains avaient participé à la traite, dans la vente de leurs « frères », entre autres ; souvent, aussi, dans un avatar de la première position, pour tenter de montrer que les traites européennes, musulmanes et intra-africaines étaient quantitativement analogues. Si les valeurs numériques sont équivalentes (plus ou moins), elles n’ont que peu de sens lorsqu’on les rapporte au temps. La traite atlantique a duré presque quatre siècles tandis que les autres se sont étalées sur plus de douze siècles. Un autre biais est moral. Le vocabulaire des abolitionnistes dénonçait la trahison des « noirs » vendant des « noirs ». Outre le fait qu’ils contribuaient à racialiser les relations politiques et sociales, ils créaient une relation morale à l’histoire. Les rois d’Afrique ne vendaient pas leur « frères » mais des étrangers avec lesquels ils ne se reconnaissaient pas de lien de proximité (aux exceptions près de règlements de compte inter-personnels) à une période où l’Afrique en tant qu’entité politique et culturelle n’est pas construite. Ils répondaient, satisfaisaient et monnayaient une demande mercantile des Européens. Ils asseyaient aussi un pouvoir qui s’est reproduit jusque dans la période contemporaine. L’attention aux termes et aux catégories employées doit être une vigilance scientifique mais aussi citoyenne.
Construire et renforcer une communauté de chercheurs

Le projet EURESCL a présenté aussi l’avantage d’être conduit par une équipe multidisciplinaire où historiens, géographes, sociologues, anthropologues, juristes et pédagogues ont travaillé conjointement au sein des Workpackages. Le projet EURESCL a été novateur car il a fait travaillé pendant quatre années des chercheurs issus d’universités européennes, africaines, caribéennes et latino-américaines, créant ainsi un désenclavement de la recherche. Les chercheurs ont ainsi pris l’habitude de rechercher hors de leur domaine de spécialité des résultats de comparaison pour mettre en perspective et interroger leurs résultats, les concepts qu’ils utilisent et les représentations dont ils peuvent être porteurs (WP4 : Répertoire du réseau scientifique des chercheurs sur la « diaspora noire » en Europe et dans les Antilles. Pour construire des réseaux universitaires qui favorisent la circulation d’informations sur leurs thématiques et consolider un champ de connaissances et de recherche, un annuaire de recherche a été constitué ainsi que des instruments diversifiés : une série de documents de travail accessible en ligne, un site web, des séminaires « multi-situés », des bulletins et la participation des membres à des manifestations scientifiques). (WP5 : Annuaire international des recherches sur l’esclavage. Cet outil propose aux chercheurs spécialistes de l’esclavage en Europe continentale et dans le monde méditerranéen (Moyen Age et époque moderne) un annuaire commun où se trouve synthétisé leur identité scientifique, leur appartenance institutionnelle et leurs axes de recherche présents et à venir).

LIVRES (numériques ou papier) SUR LES RESULTATS D’EURESCL.

Nominations et denominations des Noirs, Elsa Geneste, Silvina Testa, Nuevos Mundos, Debates, 2009

Relire Mayotte Capécial. Une femme des Antilles dans l’espace colonial français (1916-1955), Myriam Cottias, Madeleine Dobie, Paris, Armand Colin, 2012.

Distant Ripples of the British Abolitionist Wave? Africa, the Americas and Asia, Myriam Cottias, Marie-Jeanne Rossignol, Africa World Press, Tubman Insitute Serie, Trenton, New Jersey, 2013.

Enseigner les traites, les esclavages, leurs abolitions et leurs héritages, Eric Mesnard, Marie-Albane de Suremain, Karthala, Paris, 2013.

Taxation in Portuguese-ruled colonial Africa : a first approach (1900-1945), Alexander Keese, Philip Havik, Maciel Santos, site EURESCL.

Affranchis et descendants d’affranchis dans le monde atlantique (Europe, Afrique et Amériques) du XVe au début du XXe siècle : statuts juridiques, insertions sociales et identités culturelles, Dominique Rogers, Karthala, Paris, 2013.

Droit et esclavages. Théorie et pratiques en Afrique et dans les Amériques (XVe-XIXe siècles), Annie Fitte-Duval, Karthala, Paris, 2013

Circuits of Exchange : Slaves, Capital and Networks (16th-19th centuries), David Richardson, Filipa Ribeiro da Silva, à paraître.

Les esclavages en Méditerranée. Espaces, dynamiques économiques, Fabienne Guillén, Salah Trabelsi, Madrid, Casa Velasquez, 2012.

Slavery, memory and identity : national representations and global legacies, Douglas Hamilton, Kate Hodgson, Joel Quirk, London, Pickering and Chatto, 2012.

Etre esclave. Dynamiques sociales, identités, acculturation (XIIIe-XVIe), Fabienne Guillén, Roser Salicru I Lluch, Madrid, Casa Velasquez, 2013.

Política e identidad. Afrodescendientes en México y en América Central, Odile Hoffmann (coord), Coleccion Africania, 2010.

Mestizaje y diferencia : lo “negro” en America Central y el Caribe, Elisabeth Cunin, coord, IRD, Coleccion Africania, 2010.

De la libertad y la abolición : africanos y afrodescendientes en Iberoamericana, Juan Manuel de la Serna (coord), IRD, Coleccion Africania, 2010.

Unifinished Business : A Comparative Survey of Historical and Contemporary Slavery, Joel Quirk, UNESCO, 2009.

Debates históricos contemporáneos : africanos y afrodescendientes de México y Centroamérica, Maria Elisa Velasquez (coord), IRD, Coleccion Africania, 2011.

Blackness and mestizaje in Mexico and Central America, Elisabeth Cunin, Africa World Press, Tubman Institute Serie, 2012.

Captivité et abolition de l’esclavage dans les colonies françaises ouest-africaines, Nouvelles Annales Africaines, Mamadou Badji, Ibrahima Thioub, Dakar, 2012.

The Transatlantic Slave Trade and Slavery. New Directions in Teaching and Learning, Africa World Press, Tubman Institute Serie, 2012.

Potential Impact:
Le projet EURESCL a permis de replacer la traite et les esclavages dans la Méditerranée et l’Atlantique dans le processus de construction de l’identité européenne (tant sous l’aspect politique, économique, social, culturel, intellectuel, mémoriel et pédagogique), et d’étudier l’actualisation des rapports sociaux construits à partir des expériences et des représentations issues de la traite et de l’esclavage atlantique racialisés.
L’inscription du projet dans le long terme a permis de dégager les changements historiques majeurs advenus dans les échanges de biens et de personnes. L’espace méditerranéen perd sa suprématie face à l’Atlantique. La provenance des esclaves est radicalement modifiée. A la multitude d’origines, notamment d’Europe centrale et du Nord au Moyen-Age, sur le sol européen est substituée une quasi-unicité africaine dans les Amériques à la période moderne. L’esclave d’origine slave devient esclave d’origine africaine. Il a cependant été montré par l’analyse de voyages de traite vers l’Europe, entre 1425-1785, qu’un certain nombre de captifs arrivent aussi sur le continent européen.
Dans l’organisation de l’espace atlantique de traite des Africains, le rôle central du Portugal a été mis en exergue ainsi que l’importance de l’axe commercial entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Centrale et le Brésil. Ces mises en perspective ont permis de voir les mutations et les continuités de l’exploitation économique de la main d’oeuvre servile en « situation coloniale » (de la première à la deuxième colonisation). A travers l’analyse du travail forcé et de l’imposition de taxes sur la population africaine dans les colonies portugaises et au-delà, l’importance cruciale du Portugal comme acteur essentiel dans l’élaboration de la relation historique de l’Europe avec l’Afrique a été démontrée, à la fois par son importance pour les états coloniaux européens et les modèles culturels des sociétés africaines.
Il a aussi été montré la place tenue par l’esclavage et l’anti-esclavagisme dans les discours de construction de la Nation dans les pays européens et leurs colonies et à voir comment l’anti-esclavagisme a été le marqueur d’appartenance à la Civilisation telle que définie par l’Europe. Des bases de données ont été élaborées : « Cultures politiques européennes de l’anti-esclavagisme » « Premières arrivées des esclaves en Europe-16e-18e siècles », « Marchands d’esclaves basés à Mozambique » et « Le droit des traites et des esclavages. Textes juridiques internationaux, nationaux et locaux concernant les traites et les esclavages ». Elles ont été largement diffusées au sein des réseaux de recherche et d’enseignement supérieur, et constituent autant de sources d’informations pour les étudiants et chercheurs. Elles pourraient à moyen ou long terme constituer un point de départ vers une infrastructure de recherche européenne sur l’Etude des esclavages et de leurs abolitions.
Au-delà des productions qui ont permis la création d’un nouvel espace epistémologique sur les traites et les esclavages, le projet EURESCL a permis la création de nouvelles dynamiques scientifiques dans la thématique, comme par exemple :
- un effet structurant sur les équipes de l’Université d’Etat de Haïti, qui ont pu sortir de leur isolement et inscrire leurs recherches dans une dimension internationale, avec de nouvelles collaborations de travail. Ces connexions s’inscriront dans un partenariat avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), avec l’ouverture d’un Centre international de recherches à Port au Prince (prévu en 2013) ;
- la participation de deux partenaires d’EURESCL (CIRESC-CNRS et WISE-Hull University) en tant que bénéficiaires dans un autre projet du 7e PCRD, EUROTAST, Initial Training Networks Marie Curie « History, Archaeology and New Genetics of the Transatlantic Slave Trade » (coordonné par le Danemark, Københavns Universitet) (2012-2016) ;
- la création, en 2010, du CARTE, le « Centre Africain de recherches sur les Esclavages » au sein de l’Université Cheikh Anta Diop ;
- la création, début 2012, d’un Laboratoire International Associé. Cette structure prolonge le CIRESC, qui était initialement une structure nationale française, en un laboratoire international associant d’autres partenaires d’EURESCL, comme l’Université Cheikh Anta Diop et l’Université de York, ainsi que des partenaires avec qui des échanges ont vu le jour pendant le projet, tels que l’Université de Fluminense au Brésil et le « Centro de investigaciones y estudios superiores en antropologia social (CIESAS) au Mexique ;
- la collaboration dans le programme « Major Collaborative Research Innovation (MCRI) » géré par l’Université de York, va faciliter la pérennisation du Festival Vidéo de recherche sur les Esclavages et permettre la publication de deux ouvrages issus des résultats du projet dans la collection « Africa World Press » de l’Institut Tubman (Canada).
La demande sociale sur les questions de mémoire, de discrimination raciale, d’identité se manifeste massivement depuis plusieurs années en Europe et des débats émergent au sein de la société sur la mémoire de la colonisation et de l’esclavage. Les partenaires du projet EURESCL ont un positionnement de chercheurs qui ne sont pas isolés des questionnements contemporains et à qui il apparaît indispensable de mettre à la disposition d’un large public les résultats des recherche sur traites et esclavages.
Le projet EURESCL est en mesure de répondre à cette demande sociétale, à travers des initiatives qui constituent des supports d’information et des occasions d’échanges fructueux avec les acteurs de la société civile :
Un Festival Vidéo de la recherche sur les esclavages et le traites qui est un support privilégié pour la diffusion des résultats de recherches vers le public. Tout au long des projections, il s’est révêlé être un puissant vecteur de communication des résultats de la recherche et a été l’occasion de débats entre les chercheurs-réalisateurs des films et le grand public. L’image permet aux chercheurs d’exprimer des intuitions, de capturer des sentiments difficilement exprimables par les mots. Elle permet aussi d’aller au devant d’un public qui n’a pas toujours accès à l’écrit scientifique. Les chercheurs ont répondu sur appel à propositions et leurs vidéos ont été sélectionnées par un jury de chercheurs. Le public a répondu massivement à ce type de manifestation. Les festivals vidéo se sont d’emblée inscrits dans une démarche internationale avec nos partenaires, qui couvre l’espace géographique des Amériques (Toronto, Québec, Rio de Janeiro), de l’ Afrique (Dakar, Ouagadougou, N’gaoundéré, Lumubashi, Abidjan, La Réunion) et de l’Europe (Paris avec le musée du Quai Branly, Bordeaux avec le Musée d’Aquitaine, l’Université de Lyon II). Chaque festival a d’ailleurs, à chaque fois, provoqué des réactions contrastées; les films étant réinterprétés selon la sensibilité de ces questions. L’image ouvre ainsi des discussions qui prennent un sens particulier selon l’endroit où elles se déroulent et qui forcent à plus de vigilance par rapport aux représentations dont les chercheurs sont porteurs.
Cette activité du projet est pérennisée dans le cadre d'une collaboration entre le CNRS, l'Institut Tubman de l'Université de York (Canada), le Centre interuniversitaire d'études sur les lettres, les arts et les traditions-CELAT de l’Université de Laval (Québec) et le Laboratório de História Oral e Imagem-LABHOI de l’Université de Fluminense (Brésil), au sein du Laboratoire International Associé CIRESC créé en 2012. Ces 4 centres vont s’appuyer sur la dynamique créée dans le cadre d’EURESCL pour favoriser la divulgation des résultats de recherches menées au niveau global sur les traites et les esclavages dans tous les espaces géographiques et les époques.
Des événements comme l’exposition « L’autre métissage / El otro mestizaje » ou le concours d’essais historiques sur le thème "Participación y contribución de los afrodescendientes en la Independencia de México", qui ont permis de connecter des expériences de chercheurs et d’artistes (photographes) et qui rendent compte des interactions et du métissage au Mexique, où l’histoire n’a pas été faite seulement de confrontations entre Européens et populations indiennes.
Un site pédagogique qui propose des ressources pédagogiques pour enseigner traites, esclavages et leurs abolitions, de l'Antiquité à nos jours, ainsi que des réflexions sur les enjeux et débats que l'enseignement de ces questions sensibles peut susciter. Il a été réalisé collectivement par des enseignants, formateurs, chercheurs de France, de Grande Bretagne, d'Haïti et du Sénégal. On y trouve des documents variés, de qualité, présentés de manière scientifique et didactique. Ils sont accompagnés de pistes d'exploitation pédagogique, pour enseigner traites, esclavages et leurs abolitions dans la longue durée, dans plusieurs disciplines, à travers les problématiques les plus actuelles.
Le site s'adresse à des enseignants du premier et du second degré, mais aussi à leurs élèves, et à toute personne s'intéressant à ces questions. Les sujets traités sont de la plus grande importance pour les jeunes en Afrique, en Amérique et en Europe aujourd'hui. Ce site leur offre un espace d'exploration de l'histoire des traites et des esclavages et de leur impact dans le monde actuel.
Cet outil pédagogique répond à la nécessité de rendre accessible les productions de recherche aux professeurs qui doivent préparer des leçons sur le sujet et qui disposent de peu de sources, car la place accordée à l’enseignement de la traite et de l’esclavage dans les programmes scolaires nationaux ne s’est accrue qu’au cours des dix dernières années.
Ainsi, la mise en relation de la recherche internationale et de l'enseignement apporte une contribution aux débats contemporains sur les héritages de cette histoire, les mémoires, ainsi que sur la construction des identités et citoyennetés, dans un espace mondialisé.
Une brochure de présentation des résultats du projet a été réalisée. Cette brochure présente les principales productions du projet, comme notamment les bases de données, le site pédagogique, le Festival vidéo de la recherche, et annonce les publications publiées où en cours de publication à partir de ces résultats. Elle a été conçue aussi bien pour informer la communauté scientifique des résultats du projet, que pour répondre aux questionnements et attentes de la société civile et des utilisateurs potentiels des résultats, comme les services publics en charge des questions de culture et d’enseignement. Cette brochure, également téléchargeable en ligne sur le site internet du projet, a été imprimée à 700 exemplaires pour être distribuée lors des événements organisés par les partenaires du projet, tels que les conférences, séminaires, festival vidéo. Elle est également largement diffusée lors de table-rondes organisées avec des acteurs de la société civile (associations, musées...) comme par exemple en France la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage qui a lieu les 10 mai de chaque année, et qui est un temps fort où sont organisées des manifestations rassemblant politiques, chercheurs, enseignants-chercheurs, représentants de la société civile autour d’expositions, manifestations, débats sur les questions liées aux esclavages, traites et leurs abolitions. Les partenaires du projet EURESCL sont présents à ces événements et assurent la promotion des résultats de leurs recherches, tout en répondant à des questionnements du grand public sur les questions d’identité et de citoyenneté.

Le site web du projet continuera d’être mis à jour et alimenté par le CNRS, car il est le support de plusieurs productions, déjà consultées par la communauté scientifique et sur lesquels les travaux scientifiques se poursuivent.

List of Websites:
http://www.eurescl.eu
Myriam Cottias
Coordinatrice
CNRS-CIRESC
105 boulevard Raspail
75006 Paris
France
tel : +33-1-53635160
myriam.cottias@ehess.fr